Lors de la projection de La Cité Rose, jeudi 24 octobre, Sadia Diawara, co-auteur du film, était présent avec son équipe au Studio d’Aubervilliers. L’occasion pour l’OMJA de s’intéresser de plus près à cette aventure cinématographique et sociale. Interview.
OMJA : Sadia Diawara, racontez-nous la genèse de La Cité Rose. »
Sadia Diawara : « En 2007, nous avons commencé à travailler sur un concept de série télé avec Julien Abraham (réalisateur de La Cité Rose, ndlr), ayant la même thématique que le film. Mais durant les démarches auprès des sociétés de production et des chaînes, nous nous sommes rendus compte qu’il était préférable de décliner le pilote pour en faire un long-métrage.
OMJA : Le discours social est sous-tend l’ensemble du film. Est-ce un choix délibéré de votre part ?
S.D : Absolument ! Le fait de tourner exclusivement dans le quartier était une manière d’impliquer les gens du cru. Au total, plus de 150 habitants ont travaillé sur le projet, dont deux entreprises de la cité. C’est ce qui donne au film son caractère authentique et cette proximité avec le public.. Il n’y a pas d’arrière-pensée. Je viens du milieu socio-culturel. J’ai donc travaillé de la même manière sur ce projet en en faisant un film solidaire. Au final, pour au moins cinquante gamins, il s’agissait de leur premier salaire. J’étais vraiment heureux lorsque plusieurs d’entre eux sont venus me voir pour me la montrer d’ailleurs (rires) !
OMJA : Peut-on parler d’un film participatif ?
S.D : Il était important que les habitants du quartier adhèrent et deviennent véritablement les représentants de ce projet. Tout le monde s’est impliqué, c’était une grosse surprise ! A titre d’exemple, nous avons développé un réseau d’ambassadeurs dans plus de 100 villes de province. L’idée étant d’avoir un contact dans chaque ville chargé de promouvoir le film localement.
OMJA : Comment avez-vous choisi le jeune Azize Diabate Abdoulaye pour jouer le rôle de Mitraillette ?
S.D : Azize est en fait mon voisin. Au départ, j’estimais qu’il était trop jeune pour le rôle. Mais il a insisté, a passé le casting et a finalement décroché le rôle ! Il était fait sur mesure pour jouer Mitraillette et je crois que cela se voit à l’écran d’ailleurs… (rires)
OMJA : Quel est le message que vous souhaitiez diffuser à travers ce film ?
S.D : Finalement, ce contact avec le public, cette chaleur humaine, sont à l’image du film et plus généralement, des habitants des quartiers dits « à problèmes ». On oublie trop souvent qu’il y a bien plus de choses positives que négatives dans ces quartiers et qu’il y existe un formidable élan culturel, sportif, humain. C’est le message de La Cité Rose. A travers les rencontres que nous avons faites, nous nous sommes rendus compte que tout est possible. Nous pouvons faire des choses et bien les faire. Cette démarche professionnelle a été appréciée des salles, des producteurs et des chaînes. De fait, nos idées ont été entendues. C’est pour ça que plusieurs salles ont repris les projections, y compris lorsque le film n’était plus à l’affiche.
OMJA : Vous avez répondu à l’invitation du festival Génération Court. Comment s’est opéré le contact ?
S.D : L’invitation s’est faite à l’initiative du pôle culturel de l’OMJA. Pour ma part, je n’ai jamais refusé une sollicitation, y compris si elle ne concerne que 30 ou 40 personnes ! Il est important de maintenir ce lien avec le public.
OMJA : Quel bilan faites-vous de cette aventure et quelle est la prochaine étape pour vous ?
S.D : La Cité Rose a été un tremplin pour plusieurs acteurs et membres de l’équipe technique. Mais cela a aussi été un tremplin à titre personnel puisque j’ai pu ouvrir ma propre société de production en 2009 (DGK Films, ndlr). Nous avons également permis à de nombreuses personnes de s’impliquer dans un projet sur le long terme et pour beaucoup de jeunes, il s’agissait de leur premier travail rémunéré. En somme, nous sommes passés de simples consommateurs à acteurs de nos ambitions. Nous avons été perçus comme de véritables professionnels. En cela, l’objectif est atteint.
Concernant notre prochaine actualité, je préfère entretenir le suspense (rires) ! Tout ce que je peux dire, c’est que nous préparons plusieurs long-métrages… »