Interview #2 – Murat Subasi

A l’occasion de la 11e édition de Génération Court, nous avons interviewé quelques anciens gagnants de l’édition locale Jeunes Adultes, afin de revenir sur leur parcours. Aujourd’hui, Murat Subasi, qui a remporté le Prix du Jury en 2011 avec son court-métrage Amara, revient sur sa participation.

 

– Tu as gagné l’édition locale de Génération Court il y a 6 ans. Que fais-tu aujourd’hui ?
Aujourd’hui je continue le cinéma et le théâtre, je travaille en parallèle chez un créateur de services, mais d’une manière générale je suis toujours sur des projets cinéma et théâtre. J’espère que cela pourra devenir mon activité à part entière, j’ai notamment des projets dans d’autres pays, et j’essaie de faire ce qu’il faut pour que cela devienne ma principale activité.

 
– Est-ce que ta participation à Génération Court, en tant que comédien puis réalisateur, a influencé ton parcours professionnel ?
Avant Génération Court, j’avais déjà commencé à faire une école de théâtre, les Cours Florent, et j’avais déjà signé des contrats professionnels. On va dire que Génération Court est arrivé au milieu d’un début, car j’avais déjà signé un long métrage comme comédien. J’ai commencé par jouer dans le film de Mohsine et Jean-Michel (Libre arbitre, ndlr), qui ont gagné le prix du jury. J’ai participé en tant que réalisateur juste après. Génération Court s’est déroulé alors que je commençais à me professionnaliser dans le secteur, c’est arrivé plutôt au bon moment.

 
– Tu avais donc déjà une expérience avant Génération Court …
J’avais surtout une expérience de comédien, sinon je faisais plutôt du coaching. Pendant ma formation aux Cours Florent en 2008, on m’a proposé un long métrage, Welcome de Philippe Lioret. Je suis rentré rapidement dans le grand bain, avec un film disposant de gros moyens, j’ai un peu fait dans le désordre. Quand on participe à un gros projet comme ça, qu’on voit le réalisateur et le scénariste travailler sur le film, ça nous donne des idées, mais ce n’est pas notre film donc on n’intervient pas, mais ça donne envie aussi. C’est en partie pour ça que j’ai voulu participer à Génération Court.

 
– Pourquoi as-tu eu envie de participer à Génération Court ? Comment s’est déroulée ton expérience ?
Le cinéma est une passion pour moi, que ce soit devant ou derrière la caméra. C’est une manière d’exprimer librement ce qu’on veut dire, de démontrer, dénoncer même, parler de ce qui nous touche, de ce qu’on voit… le cinéma permet tout ça. Ça me permet d’écrire et de mettre en image ce que je pense.
Au début, je cherchais vraiment ce que je voulais faire, puis finalement je me suis penché sur ce que je connaissais : j’ai essayé de mettre à l’écrit quelque chose que je maîtrisais, c’est aussi ce qui a fait que tout s’est bien passé. Il y avait beaucoup de sujets qui m’intéressaient et il a fallu choisir une chose pour ne pas se disperser.

 
– As-tu un souvenir marquant de ton expérience Génération Court, que ce soit sur le tournage ou le festival ?
Sur le tournage tout le monde était crevé, on a fait 3 jours non stop. Le dernier soir l’équipe était réduite, on dormait dans la voiture, c’était assez marrant, mais la chose qui m’a le plus marqué c’est la réaction des spectateurs par rapport au film. Le public s’est levé et a applaudi, alors qu’il y avait quand même des défauts techniques. Au final les spectateurs ont compris le message et c’était ça le plus important, surtout que la plupart des personnes dans la salle ne devaient pas connaitre spécialement le sujet (la communauté Kurde et les relations avec les Turques, ndlr). Voir qu’ils prennent conscience qu’il s’est passé quelque chose, et qu’ils ont été touché, c’est important. Si on peut toucher le public avec un film comme ça, ça donne envie de faire des choses encore meilleures, avec plus de moyens. Le fait d’avoir gagné n’est pas ma plus grande victoire, c’est surtout la réaction du public, le fait qu’ils comprennent ce que j’ai voulu montrer.

 
– Tu as essayé de participer à d’autres festivals avec ce film ?
Oui mais c’était un peu compliqué car on n’avait pas le niveau technique et image. Aujourd’hui, beaucoup de festivals refusent des films à cause de la qualité de l’image, etc. Même si le sujet est bien et que l’écriture est bonne, ça reste compliqué. On envisage quand même de faire quelque chose de ce film, au moins autour de la communauté Kurde.

 
– Qu’est-ce que t’as apporté Génération Court ?
De belles rencontres, c’est sûr. J’ai créé beaucoup de contacts avec des personnes, à l’OMJA ou dans l’équipe, même avec les autres réalisateurs. Les personnes viennent de partout, avec leurs différences, et ça apporte à chacun. On est tous ensemble à faire quelque chose, ça prouve qu’on peut le faire, on peut cohabiter, travailler ensemble, c’est très important. Grâce à Génération Court, j’ai pu montrer ce que je voulais, donner un avis sur ce que je vois dans ma vie, l’idée que j’en ai, ce que je pense de la politique. Ce que j’ai partagé avec les gens, ils l’ont accepté, même si ce n’était pas spécialement leur sensibilité à eux. Nous étions réunis malgré toutes les différences.

 
– Qu’est-ce que tu retiens de cette expérience au final ?
Si c’était à refaire, je le referais. Il y a tellement de choses à dire, à écrire.

 
– Génération Court fête ses 11 ans cette année : qu’est-ce que cela t’inspire ?
Génération Court, si après 11 ans ça marche toujours, c’est une réussite, c’est une évidence. C’est un projet qui intéresse et qui a atteint son objectif. Ça doit continuer comme ça, maintenant c’est que du bonus et j’espère que ça continuera encore, que ça se renouvellera et que ça évoluera dans le bon sens, mais j’en suis sûr.

 
– Est-ce que tu travailles sur des projets en ce moment ?
J’ai été pris dans un long métrage qu’on a tourné au mois d’août, je ne peux pas en dire plus pour le moment. Il sortira l’an prochain, normalement. Par la suite je suis en contact avec la Turquie pour tourner des séries là-bas, normalement au cours de l’année.

 
– Pour finir, est-ce que tu as un conseil à donner aux futurs participants ?
Le conseil que je leur donnerais c’est qu’ils se concentrent sur ce qu’ils connaissent, qu’ils ne s’éparpillent pas avec ce qu’ils ne maîtrisent pas. Même si c’est un truc basique, qu’ils écrivent quelque chose qui leur parle émotionnellement, qui les concerne et surtout, qu’ils maîtrisent : c’est comme ça qu’ils vont s’amuser. Au début je me suis un peu éparpillé, puis la scénariste m’a beaucoup aidé pour me recentrer ; on essaie de faire des choses pour les autres au début, mais il faut surtout faire quelque chose qui nous tient à cœur et ça suivra tout seul.