Interview #4 – Eriola

A l’occasion de la 11e édition de Génération Court, nous avons interviewé quelques anciens gagnants de l’édition locale Jeunes Adultes, afin de revenir sur leur parcours. Aujourd’hui, Eriola, qui a remporté le Grand Prix en 2007, lors de la 2e édition, avec son court-métrage Demain c’est loin, revient sur sa participation.

 

– Tu as gagné l’édition locale de Génération Court il y a 10 ans. Que fais-tu aujourd’hui ?

Je suis Head of content (chargé de contenu, ndlr). Je travaille dans la vidéo, pour un média, Yard – anciennement Ofive TV, qui est un média papier, une agence de pub, une web tv et un organisateur d’événements autour de la musique, donc ça cumule ma passion et mon boulot. Mes missions impliquent d’être un peu partout, au four et au moulin. Je ne gère pas trop le côté production, je préfère être sur le terrain – lumière, image, caméra, conception, photographie etc. et monte beaucoup de vidéos.

– Avais-tu déjà une expérience dans le cinéma avant de participer à Génération Court ?

J’avais déjà monté un collectif sur Aubervilliers avant Génération Court, sauf qu’on n’avait pas les mêmes moyens que l’OMJA. Grâce à ce concours, on nous a mis à disposition une caméra et une perche. Aujourd’hui ça à l’air rudimentaire mais c’est tout ce qu’il nous fallait à l’époque. On a dû composer avec une contrainte de temps, étant donné que les tournages se déroulaient sur un planning serré : on n’a eu que 2 jours pour tourner avec le matériel. A l’époque on n’était pas beaucoup, chacun participait aux tournages des autres, il n’y avait pas plusieurs équipes mais plutôt un groupe, il n’y avait pas de concurrence et tous les prix qu’il y a aujourd’hui n’existaient pas. Le but pour nous c’était surtout de réaliser un film.

Avant ça je faisais des vidéos que je gardais pour moi, mais mon film réalisé dans le cadre de Génération Court était le premier destiné à être diffusé en salle de cinéma devant pas mal de monde. Il fallait donc que mon film soit montrable, même si je n’ai jamais vraiment pu le regarder en face.

– Pourquoi as-tu eu envie de participer à Génération Court ? Comment s’est déroulée cette expérience ?

J’ai participé un peu par hasard : lors d’une réunion avec mon collectif, on essayait de monter des projets et on est tombé sur des personnes de l’OMJA qui dépouillaient les participations pour Génération Court afin de choisir qui allait faire son film. Pour plaisanter, on nous a demandé de participer dans la foulée, pour voir ce que ça donnait. On a participé et finalement on a pu faire le film.
A l’époque il n’y avait pas de stages, juste un intervenant vidéo qui devait aider les équipes. Le film s’est fait surtout parce-que j’étais bien entouré et assez organisé, nous nous sommes un peu débrouillés tous seuls, avec les autres participants.

– Qu’est-ce que t’as apporté Génération Court ?

C’est un peu complexe car je faisais déjà des études de cinéma. Je comptais continuer la Fac et tenter la FEMIS. Pendant l’année avec Génération Court j’avais les cours à l’université, des projets avec mon collectif et à l’extérieur. Le prix EICAR m’a donné accès à une formation de 3 ans, durant laquelle j’ai surtout fait l’école buissonnière, dans le sens où j’ai beaucoup tourné à l’extérieur pour maximiser mon expérience. J’ai également compris qu’il fallait aussi se bouger pour avoir des résultats et ne pas forcément compter sur un diplôme ou un concours en faisant le minimum.

– As-tu un conseil à donner aux futurs participants ?

Je me rends compte que ce n’est pas du tout la même époque, ça ne se passe plus du tout de la même manière. Je vais donner une astuce vidéo : tout le monde a un smartphone, c’est la caméra la moins chère du monde. Quand tu as un projet de film, tu prends une journée avec quelques potes et tu tournes ton film avec ton téléphone en t’appliquant. Si au montage, tout passe en terme de rythme : ça va marcher. Par contre, si on sent que c’est cheap, il faut se demander pourquoi : est-ce que c’est la lumière, la déco ?
Si tu filmes avec ton téléphone et que tu laisses décanter quelques mois, tu peux te rendre compte si ton film fonctionne ou non, tu as toujours le temps de changer ce qui ne va pas. Parce-que quand tu l’imagines, ton film passe super bien, les transitions, le rythme, etc, alors qu’en réalité c’est très compliqué. Il faut faire pour voir.

– Tu travailles dans l’audiovisuel, mais as-tu toujours des projets cinéma personnels ?

J’ai pas mal de projets personnels, je consacre mon temps à la constitution d’un réseau afin de rendre les choses possibles de manière concrète. Il faut protéger son égo et son envie pour mener à bien ses projets.